5 avril - Chartres et une autre promenade

Chartres a figuré à notre programme de choses à faire dès que nous avons entrepris de dresser un programme de choses à faire pour ce voyage. Nous avons attendu le soleil mais le temps presse, maintenant. On annonce encore aujourd’hui un mélange de soleil et de nuages. Bon, y en a marre (je me parisianise ?) Nous décidons que, soleil ou pas, nous n’attendons plus : nous irons à Chartres AUJOURD’HUI.

Dans mes recherches préparatoires, j’ai noté qu’on se rend à Chartres par TER (train express régional), le train Transilien. Tarif spécial sénior, deuxième classe, 21 €, durée du trajet environ une heure. On prend ce train à la gare Montparnasse. Go. Et tout se passe conformément à mes notes. Eh que c’est bien, cet Internet.

Au moment d’acheter le billet, je demande au contrôleur si nous pouvons compter que notre billet de deuxième classe nous donnera quand même droit à une place assise ; j’ai lu que certains protestent parce que ce n’est pas toujours le cas, le matin. Je vois bien qu’il retient mal un petit sourire en m’assurant que oui. Dans le train, la raison du sourire en coin devient assez évidente : nous sortons de Paris à l’heure où tout le monde y entre, il n’y a pas vraiment de problème de place assise, tsé…

Nous voilà dans le train, au roulement plutôt doux. Dans un quartier de maisons individuelles qui se compare à un quartier de Lorraine, j’ai vu dans une cour une piscine pas très grande, mais trop grande, je crois, pour n’être qu’un spa. Elle était déjà remplie et l’eau était propre et claire, sans détritus, donc il ne s’agit pas simplement d’une piscine qui aurait passé l’hiver remplie d’eau. Dans les bois, les feuillus sont tous verts. Des noms plus ou moins familiers défilent. Versailles-Chantiers. Pourquoi Chantiers ? Sais pas. Yvelines, c’est joli. Tiens, la forêt de Rambouillet. Et puis Chartres.

Et devinez quoi ? IL FAIT BEAU.

Chartres, donc.

Je n’ai pas vraiment beaucoup de mots ni encore moins de phrases pour parler de Chartres. Je me contenterai d’écrire que la grandeur de Chartres, grandeur au sens de magnificence, m’ont beaucoup frappée et m’ont inspiré une profonde impression d’admiration et de respect.

Je ne suis absolument pas devenue croyante, est-il besoin de préciser, mais j’ai été émue par la sincérité de la ferveur religieuse dont toute la cathédrale est un témoignage. Des grands maîtres bâtisseurs aux plus humbles artisans de vitrail et de pierre, tous ces hommes (en parlant de cette époque, il n’y a certainement pas lieu d’écrire et toutes ces femmes) voulaient contribuer à cette oeuvre à la gloire de Dieu.

L’iPad n’était bien sûr pas à la hauteur pour photographier les vitraux. Et le soleil ne les allumait pas beaucoup, il ne se montrait pas souvent et pas longtemps. Qu’importe : de toute façon, Google est votre ami. Je vous souhaite de voir vous-mêmes la cathédrale et ses vitraux un jour.






Il y a sûrement des dizaines de milliers, peut-être même des centaines, d’éléments décoratifs en pierre taillée, en plus des « vraies » sculptures. J’ai photographié un minuscule détail pour le souvenir, parce que je suis fascinée par cette forme de beauté dans l’imperfection, cette unité sans uniformité. J’avais eu cette même impression au Mont-Saint-Michel. J’imagine Jehan le tailleur de pierre, qui décrit à sa femme, ce soir-là, la façon dont sa coupe à lui est bien plus belle que celle du Grand Louis, cet autre tailleur de pierre qui se vante mais n’est même pas foutu de tenir correctement sa lame. Il y a de cela près de huit cents ans.



En revenant, nous avons flâné un peu. Voici une photo tout spécialement pour Margot, la petite demoiselle qui marche avec des béquilles depuis près d’un mois. Lui aussi, il semble avoir hâte qu’on lui enlève son plâtre.


En après-midi, nous avons mangé un sandwich, assis sur un banc public sur l’avenue du Maine (ne vous faites pas d’illusion : les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics… non, ce n’était pas nous.) Un passant est venu s’asseoir près de nous, a engagé la conversation avec Roger. Très bref résumé : ce monsieur n’aime pas Sarkozy, ni les étrangers, ni Bruxelles. Je les ai laissés à leur philosophie pour filer un moment à la Galerie Gaîté Montparnasse, un centre commercial intérieur en face de nous. En voyage, j’adore me promener dans les magasins, je trouve ça hyper-instructif : produits différents, prix, trucs de marketing, manières d’être de la clientèle et du personnel, etc.

Au retour, nous arrivons par le jardin de Bercy qui est juste à côté de notre hôtel ; un très grand jardin à la française, avec ses allées bien droites. Beaucoup de gens y sont, assis, allongés, avec ou sans pique-nique. Nous mangeons tranquillement sur la terrasse d’un petit café près de l’hôtel. Il fait de plus en plus beau. De plus en plus de gens, beaucoup de jeunes, sortent du métro, en direction du jardin pour la plupart.

En soirée

Ce soir, nous avions pensé nous reposer un peu mais la bougeotte nous reprend. Et c’est reparti, direction le Petit Palais et le Grand. À pied à partir du Châtelet, ça nous tiendra occupés. Pendant que Roger attend que le soleil se couche sur le Pont-Neuf, j’inspecte les vitrines. Voici le légendaire grand magasin de la Samaritaine, fermé depuis des années, les fenêtres barricadées. Voici Conforama. Originale et amusante, cette bibliothèque, non ?



En traversant pour rejoindre Roger, j’ai vu un phénomène qui serait rare chez nous : un cycliste a mis pied à terre pour s’arrêter à une traverse de piétons où il n’y avait encore aucun piéton.

Nous marchons sur le quai du port du Louvre. Et comme il convient sur des quais, il y a des jeunes amoureux. Tout jeunes, si jeunes.


Finalement, trop fatigués, nous décidons de rentrer. Il ne nous resterait qu’un peu plus d’un kilomètre et demi à faire, mais nous passons tous les deux notre temps à nous arrêter pour regarder ou photographier ou, dans mon cas, écrire.

Je m’aperçois tout à coup que la Tour Eiffel est illuminée, un éclairage qui scintille. C’est l’habitude, à la tombée de la nuit jusque vers une heure du matin. J’avais pris une petite vidéo pour vous, mais BlogPress ne veut pas la transmettre. J’écris ceci plus d’une semaine après le retour, et cinq messages au développeur de l’app n’ont abouti à rien. Mes vidéos sont perdues à tout jamais, aussi bien celles de la tour Montparnasse que celle de la tour Eiffel. Pourquoi certaines vidéos ont-elles été correctement téléchargées et d’autres non, je n’en ai pas la moindre idée. Mais vous pouvez jeter un coup d’oeil à cette vidéo amateur. Les couleurs de l’illumination varient, sur ma vidéo à moi, il y avait du rouge.

http://www.youtube.com/watch?v=Je7VdEGmZ04&feature=related

Je passais tout bonnement devant la galerie Artclub, rue Rohan, quand cette oeuvre m’a arrêtée. Le matériau est un tressage de fil fin de couleur argent. Malgré mes recherches sur le site de la galerie, je n’ai pas réussi à trouver le nom de l’oeuvre ni de l’auteur. Je trouve très puissant le contraste entre la délicatesse du matériau et celle du nu, par rapport à la cruauté de l’arme en bandoulière.


Et regardez-moi l’absolument incroyable entrée du métro à la station Palais royal - musée du Louvre. Il n’y a aucune indication, pas de logo. Ce n'était pas du tout évident que c’était l’entrée du métro et j’ai dû demander à une passante. La quintessence de ce dont je parle tout le temps, la beauté dans le détail. Oui, c’est bien Roger, le passant qui se dirige vers l’entrée.



De retour près de notre hôtel, nous nous sommes assis à une terrasse et nous avons mangé une glace. Le soir était tranquille, l’air était doux. C’était Paris.

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