6 avril - mercredi, promenade sur la Seine et ailleurs

Le silence

Ça commence avec les bagages. Nous faisons les bagages parce que nous quittons l’hôtel pour aller passer deux jours chez Dominique et Jean-Christophe.

Toujours un épisode scabreux, les bagages.
(Lui/elle) je ne trouve pas mon…
(Lui/elle) l’as-tu mis dans…
(Lui/elle) mais non, je n’ai pas mis mon… dans… pourquoi dans le monde est-ce que j’aurais mis mon… dans…
(Lui/elle) (suite censurée)

Une fois sortis…

(Lui/elle) passe-moi le téléphone.
(dix minutes de recherches de plus en plus frénétiques)
(Lui/elle) cherche donc un peu toi aussi, tout à coup ce serait toi qui l’aurais…
(Lui/elle) mais pourquoi dans le monde ce serait moi qui l’aurais ?
(seconde suite censurée)

Un silence significatif, lourd et dramatique s’installe.

Nous avons laissé les bagages en consigne à l’hôtel et nous sommes partis pour faire de la photo au Grand Palais. C’est la troisième fois que c’est notre objectif ; les deux premières fois, pour diverses raisons, nous n’y sommes finalement pas allés. Ce matin, rien ne nous arrêtera car Roger veut absolument photographier le dôme vitré du Grand Palais.

Le malheur

Ce matin, nous y arrivons, frais et dispos. Le silence a été brisé. Le temps est beau fixe, le temps externe et le temps interne.

Malheur.

On ne peut pas visiter le Grand Palais s’il ne s’y tient pas une exposition. C’est comme ça. Ça, nos recherches préliminaires ne nous l’avaient pas appris. Or il n’y a pas actuellement d’exposition au Grand Palais. Donc il n’y a pas de visites. Même pas juste pour prendre quelques photos ? Non, même pas. L’agent de sécurité est poli mais froid et ferme.

Nous partons. Roger est déçu déçu déçu et plus que quasi mécontent. Pourquoi n’aurait-il pu entrer quelques minutes ? Je fais remarquer que, si jamais pour quelque raison que ce soit, ça s’était su que l’agent avait laissé entrer quelqu’un, il aurait peut-être pu y perdre son emploi. Nous avons vécu un certain nombre de petites expériences qui nous ont fait constater à quel point les mesures de sécurité se sont étendues en France. Par exemple, les portails d’inspection de sécurité sont à l’entrée de tous les principaux monuments et dans beaucoup de cas, on prend votre photo (moi à la tour Montparnasse : souriez pour la caméra, madame - caméra ? wow, vraiment bien cachée - madame, madame, de ce côté-ci, madame - éclat de rire général)

Bon. L’objectif de Roger ne pouvant être atteint, on passe au mien. Dans le cadre de notre forfait de voyage, nous avons eu deux billets gratuits pour une croisière d’une heure sur la Seine. Nous nous dirigeons vers le Quai de la Bourdonnais (oui, avec un d), c’est au pied de la tour Eiffel.

J’enlève les manches de ma veste, il fait chaud. Tiens tiens, dans la poche où je veux déposer les manches, surprise : il y a un téléphone.

Entr’acte : les petites arnaques

En chemin, il y a ce matin une pléthore de vendeurs de tours Eiffel (je n’ai toujours pas d’idée qui peut bien vouloir acheter une tour Eiffel magenta ?), d’horribles petits toutous à pile télécommandés, de foulards imprimés Paris, et j’en passe et des meilleures. Les boutiquiers légitimes, qui paient leur loyer et leurs taxes et leur personnel doivent voir d’un très bon oeil cette concurrence illégale, et sa pacotille lamentable. J’ai même vu un étalage de tours au prix de 5 pour 1 €. Cinq !!!

Bon, ça recommence : l’anneau trouvé. La première fois, Roger exprime son refus assez roidement. La deuxième fois, quatre minutes chrono plus tard, le même type trouve son anneau devant moi, sans me reconnaître. Le type m’offre l’anneau. Je lui réponds :

— ah mais non, c’est à vous, Monsieur.
— non, non !
— mais oui, Monsieur, vous venez de le trouver devant mon mari il y a cinq minutes.

Il tourne le dos et s’en va. La pêche n’est pas bonne dans notre coin.

Quelques rues plus loin, Roger aborde un vendeur avec un grand sourire : la pêche est-elle bonne, ce matin ? Le vendeur hésite quelques secondes puis sourit à Roger et dit, en écartant légèrement les mains : seulement de tout petits poissons.

S’il se présente un autre trouveur d’anneau, j’ai une réponse toute prête, après avoir apparemment examiné l’anneau avec soin (ça, si je l’ose) : ah mais non, Monsieur, il porte malchance, cet anneau, je le reconnais, cinq personnes l’ont perdu hier.

La croisière

J’ai pris quelques photos de type juste « devine où je suis », c’était bien mauvais, je n'ai gardé que ceci (qui n’est pas très bon non plus mais bon).



J’ai bien aimé cette courte croisière, c’est agréable et il faisait beau. Pour ce qui est de Roger, je ne sais pas seulement s’il se souviendra l’avoir faite, il en a dormi les trois-quarts. En partant, j’ai complimenté la guide en disant : « Félicitations pour votre performance, elle était fraîche comme si c’était la première fois et elle était parfaite comme si c’était la dix millième. » Elle m’a remerciée en riant et a répondu : « C’est quelque part entre les deux ».

La séparation

Roger m’indique qu’il veut se rendre au palais de Chaillot pour photographier la tour. Moi, j’ai à aller un moment… ailleurs. Nous nous séparons, nous nous retrouverons à un point précis « dans quelques minutes ».

Il m’a fallu une demi-heure pour le retrouver. J’espère au moins qu’il aura été satisfait de ses photos.

J’ai vu au palais de Chaillot une petite scène que j’avais souvent vue décrite dans les livres mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir de mes yeux : le bonneteau. Non pas un bonneteur mais trois sur environ 50 mètres ! Le truc complet, avec les faux joueurs entourant le pigeon ou la pigeonne. J’ai été tentée de prendre une photo, j’avoue que je n’ai pas osé. Dans une malheureuse bousculade, un iPad est si vite tombé par terre…

Les quatre piliers du palais de Chaillot portent chacun une inscription, ce sont des citations de Paul Valéry. J’ai comme eu le temps d’observer les deux piliers côté tour Eiffel. En vérité, c’est très beau.




La photo ci-dessus, Côté Cité de l’architecture et du patrimoine (Aile Paris) :
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son être
Sa peine bien-aimée le fortifie


Côté musée de l’Homme (Aile Passy) :
Il dépend de celui qui passe
Que je sois tombe ou trésor
Que je parle ou me taise
Ceci ne tient qu’à toi
Ami n’entre pas sans désir


La station de métro disparue

Fatigués, nous décidons d’aller casser la croûte (mais pas ici) puis de reprendre nos bagages et de nous rendre chez nos amis. L’appli de métro indique que la station la plus rapprochée est la station de Trocadéro. L’appli Plans indique qu’elle est de l’autre côté du palais de Chaillot, dans un cercle. Nous nous y rendons. En chemin, nous avons rencontré des dessinateurs de rue.




Le cercle est facile à trouver, c’est la zone au centre du giratoire. S’y rendre, c’est une autre histoire, les traverses de piétons ne se trouvent pas, littéralement, à tous les coins de rue. Et une fois rendu, nous faisons le tour : il n’y a pas là même l’ombre d’une bouche de métro. Finalement, nous en voyons une, qui est, bien sûr, placée de sorte qu’il nous faut revenir complètement sur nos pas. Et pas du tout à l’endroit indiqué par l’appli. C’est la première fois que je prends une appli en défaut à ce point.

Un autre sandwich, pris à la terrasse d’un petit café près de l’hôtel. Retour à l’hôtel, où nous reprenons possession de nos bagages sans histoire. La réceptionniste appelle même un taxi pour nous.

Dans le taxi, intéressante conversation avec le chauffeur laotien, à propos de la circulation et de la conduite automobile comparées entre Montréal et Paris. Je lui demande ce qui en est de la sécurité des chauffeurs, a-t-il déjà été agressé ? Oui, deux fois, en cinq ans de métier.

Nous voilà rendus chez nos amis. La maman de Dominique nous a attendus pour nous permettre d’entrer et de nous reposer car Dominique est à l’hôpital avec Margot, à qui on doit enlever son plâtre. Le rendez-vous était à 16:00, elles sont revenues vers 19:30. Margot boitille mais ça ira.

Faut dire : nous sommes fatigués.

2 commentaires:

  1. Toute une journée de péripéties ! La journée valait quand même la peine d'être vécu !???

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