8 avril - C'est la fin

Départ de l’avenue Gambetta

C’est pas si mal, je me suis réveillée « seulement » à 3:30, pour le lever à 4:15. J’ai quand même réussi à dormir trois heures cette nuit, ce qui est un exploit pour moi, la veille d’un départ important. Jean-Christophe, béni soit son saint nom, a fait du café. Les opérations de dernière minute (brosse à dents, etc.) se sont faites sans accroc et personne n’a cherché ses lunettes à la dernière minute. Une semaine plus tard, au moment où j’écris ceci, Dominique ne m’a pas envoyé de message de type « est-ce à toi, le machin xxx qui était xxxxxx ? » Nous réussissons à ne pas réveiller Margot, qui trouvera mon petit cadeau d’adieu (des perles à enfiler) sur un livre, dans sa chambre. Je passe sur les adieux, ce n’est qu’un au revoir.

Départ de l’hôtel

Le taxi que nous avons commandé hier soir est arrivé à l’heure dite, le trajet s’est fait sans heurt, le chauffeur n’a pas perdu son chemin. Nous sommes maintenant en attente de la navette qui nous amènera à l’aéroport. Roger fait les cent pas dehors et me demande l’heure toutes les cinq minutes. Je sais qu’il a des visions de navette absente, de taxi de remplacement impossible à trouver, d’avion manqué.

Il est 5:24 et Roger parle d’appeler un taxi.

Vers l’aéroport

Il est maintenant 5:50 et nous sommes dans la navette. Je prévois que bientôt Roger s’inquiétera d’un changement inopiné de l’heure du départ de l’avion.

6:06. J’ai bien cru que ça y était. Il a commencé une question. « Sais-tu si l’avion… » - mais la fin était « est encore une casserole ? »

En revanche, le chauffeur de la navette a mentionné qu’il avait deux autres hôtels à faire. Bon sujet de préoccupation pour Celui-qui-ne-s’inquiète-jamais.

Nos pérégrinations viennent de nous faire traverser la place de l’Étoile où nous étions fin seuls. L’arc de Triomphe calme et sombre dans la nuit. Eh oui, c’est encore la nuit.

À l’aéroport

Nous arrivons finalement à Charles-de-Gaulle à 6:45. Enregistrement des bagages, sans difficulté. Contrôle de sécurité, ma maintenant rituelle rencontre intime avec une agente de sécurité, une fois de plus. Une dernière image de Paris, de nouveau une porte des toilettes dans la salle d’attente à l’embarquement. Chaque porte avait une jolie tenue différente. Un excellent résumé des différences entre la France et l’Amérique du Nord, même le Québec. Je boucle ma boucle, avec ma réflexion sur la porte des toilettes et ses jolies rayures colorées, dans la salle des arrivées.



















Dans l’avion

Jusqu’ici, le vol est sans histoire. Nous sommes partis à l’heure dite, nous avons mangé le même poulet, cette fois-ci appelé plaisamment barbecue, à cause d’une sauce que j’ai trouvée pas mauvaise. Même petit pain et mêmes petits desserts au caramel. Ce serait bien si on aboutissait au même endroit.

De l’autre côté du minuscule passage entre les blocs de sièges, une jeune maman toute seule avec un petit enfant de huit ou neuf mois, je dirais. Nous avons de la chance (la maman aussi), l’enfant est d’humeur charmante. Bientôt, elle le place dans sa couchette, un étroit berceau fixé à la paroi qui nous sépare de la classe Club. L’enfant s’endort rapidement. Ils occupent toute la première rangée, au centre de l’avion, trois sièges. Les passagers qui auraient dû occuper ces trois sièges ont gracieusement (et prudemment, peut-être aussi) accepté une autre place plus loin dans l’avion où il reste peut-être une dizaine de sièges libres.

Il paraît que le temps sera aussi ensoleillé à Trudeau qu’à Charles-de-Gaulle. Avec une petite différence de vingt degrés. Je me console en me disant que j’aurai la chance de voir deux printemps cette année, celui de Paris et celui de Sainte-Sophie.

13:55 heure de Paris, soit après plus de quatre heures et demie de vol, la très grande majorité des passagers dort. Nous nous sommes tous levés vers 4:30 ou 5:00… L’enfant vient de se réveiller et a bu un biberon. Il faut maintenant l’occuper. La maman lui présente divers joujoux, qui ne retiennent guère son attention. Elle le tient debout sur elle, à bout de bras, pour qu’il puisse voir autour de lui. Il inspecte sa couchette. Divers joujoux sont examinés puis refusés. Il tripote le visage de sa mère, lui attrape le nez. Roger l’imite mais je le préviens que, s’il continue, je vais demander à la mère de l’enfant si elle veut changer de bébé. Elle part marcher dans l’avion. J’essaie d’imaginer la nuit qu’elle a dû passer : à quelle heure s’est-elle levée, quels préparatifs ont dû être nécessaires pour le bébé. Vraiment pas une sinécure. L’enfant ok Roger est Dieu. Oupse, il y a eu un hijacking du iPad.

Alors, je disais que l’enfant commence à trouver toute l’affaire pas mal moins drôle. La maman l’assoit sur son siège à elle et elle prend des photos. L’enfant sourit, c’est très mignon. Au bout de quelques minutes, en revanche, il commence à se tortiller et criailler. Elle le met assis par terre, il est un peu plus libre, mais elle, elle doit surveiller tous ses mouvements. Cette jeune femme-là va arriver épuisée. J’espère qu’on l’attend à l’aéroport.

J’en suis à 37 % de réserve de batterie. J’ai mon chargeur de réserve dans une poche, avec son câble USB. De l’organisation, c’est de l’organisation.

Je lis. Roger dort ou regarde dehors ou regarde ses photos stockées sur mon ordi. Le bébé est exaspéré, la pauvre petite maman aussi. Nous sommes chanceux, quand même, l’enfant crie un peu par moments mais il n’est pas insupportable.

Encore une demi-heure de vol. Ensuite le débarquement et les douanes.

On commence à descendre, dit le commandant, dont l’annonce, en français puis en anglais, se termine par « Welcome home ».

Les passeports ? Ici.
La carte de déclaration pour la douane ? Ici. (Rien à déclarer. Un petit éléphant mais il n’est pas vivant.)
Les clefs de voiture ? Les deux trousseaux, le mien et le sien, sont dans mon sac.
Le coupon pour le stationnement ? Dans le compartiment zippé de mon sac.

C’est reparti pour les indications de fin de vol, qui alternent en boucle, distance, vitesse, température. Ça descend, ça se réchauffe, ça descend, ça se réchauffe.

Welcome home

Un atterrissage tout près tout près du parfait, l’intervalle de temps entre les deux roues qui touchent terre est à peine perceptible. À 10:40, donc très exactement à l’heure dite, à la minute près. Nous sommes grandement soulagés de constater que ça ne se passe pas du tout comme à notre retour en 2007, où trois avions avaient atterri en même temps, et où la salle d’attente pour le passage à l’immigration était remplie si bien que la foule refluait jusque dans l’escalier d’accès. Non, nous avons cette fois beaucoup de chance, nous sommes le seul avion dans notre salle des arrivées. La récupération des bagages se fait vite, de même que le passage à l’immigration et aux douanes. Nous sortons de l’aérogare à 11:30. Quarante minutes pour toutes les formalités, certainement notre record. La voiture est bien là où elle doit être. Le GPS sait où aller (à la maison). Il ne reste pas de neige à Montréal, ni à Mirabel où, tout à coup ça me prend à la gorge : c’est vraiment fini. Nous voyons à nouveau de la neige sur les terrains, ici et là, à Saint-Jérôme.

Seulement quelques petits amoncellements de neige sur le terrain chez nous. La chute de neige sur la région, quelques jours avant, n’obligera pas Roger à pelleter. Je descends immédiatement dans le sous-sol, où tout est en ordre, bien au sec. Le système de pompage que nous avons fait installer l’automne dernier, en prévision des crues printanières, fonctionne parfaitement.

Qu’on est bien chez soi. Oui. Mais qu’on était bien à Paris.

3 commentaires:

  1. La fin d'un voyage n'a rien à voir avec la préparation du voyage et pourtant ce n'est pas dans le voyage, mais comme il fait bon de se retrouver bien au chaud chez soi dans ses pantoufles. rebienvenue chez vous !

    RépondreSupprimer
  2. Je confirme n'avoir rien trouvé qui ne soit pas à nous :-)

    RépondreSupprimer
  3. Message de l'Homme, le mien : saint Christophe est tout de même le patron des voyageurs et des automobilistes :-)

    RépondreSupprimer